Patients concernés
Le pharmacien d’officine a la possibilité de réaliser un Test Rapide d’Orientation Diagnostique « cystite » chez une femme, de 16 à 65 ans, présentant une pollakiurie ou des brûlures mictionnelles et favoriser la pertinence des prescriptions.
Enjeux
En tant qu’acteur de santé publique et de proximité, le pharmacien joue un rôle important aux côtés des prescripteurs dans la lutte contre l’antibiorésistance.
En Pratique
Réalisation du test :
Le pharmacien donne le test urinaire à la patiente (il s’agit d’un flacon dans lequel la personne doit uriner).
Le flacon est ensuite remis au pharmacien qui y introduira la bandelette permettant la lecture du résultat.
Une fois le test réalisé, selon la couleur que prend cette bandelette, le pharmacien identifiera s’il s’agit d’une infection urinaire – cystite nécessitant un traitement antibiotique.
Situations au comptoir :
Dans le cadre du dépistage d’une infection urinaire simple (cystite) grâce à une bandelette urinaire, 2 situations peuvent se présenter :
La patiente se présente directement à l’officine sans avoir consulté son médecin :
- En cas de test positif, le pharmacien dispense les antibiotiques préconisés pour le traitement de la cystite aiguë non compliquée chez la femme ;
– fosfomycine trométamol;
– pivmecillinam
- En cas de test négatif, le pharmacien exclut l’infection urinaire : il permet d’éviter une dispensation inutile d’antibiotiques.
La patiente se présente à l’officine avec une ordonnance conditionnelle, comportant la mention « si test urinaire positif », après avoir consulté son médecin traitant ou sa sage-femme :
- En cas de test positif, le pharmacien dispense les antibiotiques prescrits sous réserve que l’ordonnance soit toujours valable;
- En cas de test négatif, le pharmacien a permis d’éviter une dispensation inutile d’antibiotiques.
Deux logigrammes détaillent les critères d’éligibilité ou d’inéligibilité à la réalisation d’une bandelette urinaire et les modalités de prise en charge des patients.
Questions à poser dans le cadre de la vérification de l’éligibilité :
– Quelles maladies ou interventions chirurgicales avez-vous ou avez-vous eues?
– Avez-vous des allergies (notamment aux pénicillines), des contre-indications ou des intolérances médicamenteuses? Si oui, lesquelles?
– Des traitements médicamenteux vous sont-ils prescrits actuellement? Si oui, lesquels?
– Un événement marquant de santé vous a-t-il affecté depuis un an?
– Souhaitez-vous me signaler un autre point concernant votre santé?
La traçabilité sur la non-réalisation du test est faite.
Facturation
La remise et l’analyse du test se facture directement au comptoir avec la carte Vitale de la patiente avec le code acte PEE.
Le montant de celui-ci dépendra du circuit de prise en charge du patient :
10 € TTC
- quand la patiente se présente spontanément à l’officine si le pharmacien ne délivre pas d’antibiotique à la suite du test négatif,
- ou quand la patiente est orientée vers une pharmacie par un médecin (ou une sage-femme) avec une ordonnance conditionnelle d’antibiotiques après réalisation du test,
15 € TTC
- lorsque la patiente se présente spontanément à l’officine et que le pharmacien délivre sans ordonnance un antibiotique à la suite du test positif.
Dans ce cas, il complète le bon de prise en charge mis à disposition sur amelipro et le joint en tant que pièce justificative dans le DMP du patient.
Cet acte est pris en charge à 70 % par l’assurance maladie obligatoire. Les médicaments éventuellement délivrés le sont avec les taux habituels de prise en charge.
En pratique, comment renseigner la facture ?
- Le N° AM de l’officine dans la zone « prescripteur» lorsque le patient se présente directement à l’officine. Le N° AM du médecin ou de la sage-femme lorsque la patiente a été orientée par ce dernier ;
- Le N° AM de l’officine dans la zone « exécutant» ;
- La date de réalisation du test :
- Lorsque la patiente est orientée par un médecin ou une sage-femme, la date de réalisation du test et la date de prescription peuvent être différentes. La date de l’acte PEE devra correspondre à la date de l’ordonnance conditionnelle ;
- Lorsque la patiente se présente directement à l’officine => sa date de réalisation.
A savoir
Quelle que soit la situation, le pharmacien envoie les conclusions du dépistage (test positif ou négatif, éventuelles alertes…) au médecin traitant de la patiente en vue de sa consultation.
L’enregistrement dans le DMP afin de faciliter la coordination entre les professionnels de santé, prenant en charge le patient, doit être systématique. Pour cela la note de dépistage doit être complétée.
En l’absence de DMP, l’information se fait via Messagerie Sécurisée avec accord du patient.
Une formation au TROD cystite obligatoire :
Afin d’assurer la bonne orientation des patientes dans le parcours de soins, il est nécessaire que le pharmacien se forme à la remise et l’analyse de la bandelette urinaire. Les organismes du développement professionnel continu proposent des formations courtes à ce sujet.
En l’absence de formation, le pharmacien ne peut pas proposer le test aux patientes qui se présentent, ni leur dispenser les antibiotiques prescrits dans le cadre d’une ordonnance conditionnelle.
Important :
Le pharmacien est dispensé de tout ou partie de la formation lorsqu’il a déjà suivi :
– la formation prévue dans l’arrêté du 1er août 2016 modifié déterminant la liste des tests, recueils et traitements de signaux biologiques qui ne constituent pas un examen de biologie médicale, les catégories de personnes pouvant les réaliser et les conditions de réalisation de certains de ces tests, recueils et traitements de signaux biologiques ;
– la formation prévue dans l’arrêté du 9 mars 2023 relatif à l’autorisation du protocole de coopération « Prise en charge par le pharmacien d’officine ou l’infirmier diplômé d’Etat de la pollakiurie et des brûlures mictionnelles non fébriles chez la femme de 16 à 65 ans dans le cadre d’une structure d’exercice coordonné ou d’une communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) ».
– la formation prévue aux arrêtés du 18 février 2021 modifié du directeur général de l’ARS Bretagne relatif à l’expérimentation « Orientation dans le système de soins (Osys) » et du 14 septembre 2023 relatif à l’extension aux régions Centre-Val de Loire, Corse et Occitanie de l’expérimentation « Orientation dans le système de soins (Osys) » portant sur la restructuration du parcours de soins et la dispensation pharmaceutique encadrée.